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Soupape de sécurité

7 avril 2006

Jacky Beauf

Depuis maintenant un certain temps, le phénomène n'a de cesse de prendre de l'ampleur sur nos routes françaises. Un jour, un mec a regardé sa jolie voiture dans son garage et s'est dit: "Chais pas, elle est bien jolie ma 205, mais bon...il manque un truc..."

Le tuning était né. On sait pas vraiment où, mais on soupçonne la Lorraine d'avoir été le berceau de ce vent anarchique qui a d'un seul coup soufflé sur le monde automobile...

Pourquoi la Lorraine? Une intuition...Ceux et celles qui ont déjà trainé leurs guêtres dans cette région seront d'accord sur un point:La lorraine, c'est la déprime...Ok, ok, ils ont la quiche et Patricia Kaas, mais mis à part ça, la Lorraine c'est un peu comme un grand désert de western. Au tableau du désespoir lorrain, il ne manque que les buissons sèchés et déplacés par le vent, ainsi qu'un squelette de bête cornue non identifiable...

On se fait chier en Lorraine, mais ça n'explique pas tout.

Est-ce dû au fait qu'il n'y ait rien pour s'occuper l'esprit là-bas, ou peut-être à une consanguinité, toujours est-il que le Lorrain de base à un QI de moule bretonne...(Notez que la consanguinité est une hypothèse qui pourrait tenir la route: Qui serait assez fou pour aller se perdre là-bas?...Ca reste à étudier)

Mais bon, passons, là n'est pas le débat. Retenons simplement que le tuning peut avoir ses origines dans ce no-man's land français. (Allez faire un tour là-bas, vous en serez convaincus)

Revenons à notre gugus et sa 205. Après bien des bricolages et des expérimentations, il pu enfin exhiber sa fidèle monture auprès de ses amis. Lesquels, lorrains qu'ils étaient, ne purent que s'extasier devant le volant moumoute, les sièges "rally" et la couleur faite maison...(Un brun "caca d'oie lorraine" du plus bel effet...Si, si.)

Une mode était née. Un art de vivre venait d'éclore au milieu du purin lorrain. Il ne fallut pas beaucoup de temps avant que le concept ne s'étende dans les régions avoisinantes. Plusieurs raisons à celà:

1)Certains lorrains avaient réussi à fuir leurs origines et s'étaient expatriés dans des départements civilisés. Ceci étant, chassez le naturel et il revient au galop. Leurs gênes d'origine ne purent qu'être réceptifs et entrer en résonance, lorsque pris d'une envie de retour aux sources, ils vinrent rendre visite à leurs potes d'enfance. Hypnotisés par les révélations mécaniques que ces derniers exposèrent à leurs yeux, ils rentrèrent chez eux avec pour seule idée: "Faut trop que je fasse pareil avec ma R5"...La pieuvre de la customisation étaient en train d'étendre ses tentacules.

2)Soyons francs, les Lorrains qui ont réussi à quitter leur berceau régional ne sont pas si nombreux que ça. Il fallait bien que dans les régions qu'ils envahirent ils trouvent un terreau fertile. Le QI de moule bretonne n'étant pas une exclusivité des quicheux, ce fut vite fait....

Donc le tuning s'est répandu aussi viste que la peste et le choléra, dépassant même les frontières nationales...

Aujourd'hui, c'est toujours avec une émotion qu'on les croise au feu rouge du coin, ou bien qu'on les voit arpenter le bitume autoroutier. (Il faut dire que les autoroutes proposent les seule revêtements dignes de leurs fidèles montures...Ben ouais: au moins sur l'autoroute, personne n'est venu installé de dodane, cette chose inutile qui ne fait que démolir les bas de caisse carbone...).

Observons un tuneur croyant, et surtout pratiquant. Car oui, le tuning est une religion...

Appelons le...disons...Jacky. (allez savoir pourquoi, un prénom qui passait pas là).

Notre bon Jacky se réveille un lundi matin comme les autres. Il est en forme, il a passé un bon week-end: Deux soirées en boite (au macoumba 2000) à écouter de la musique de merde sont venues enrichir son cercle social. Il a en effet fait connaissance avec deux mineures de 16 ans qui lui sont apparues subjuguées pas son charisme de neuneu de 25 ans. Bon, ok, il ne connaît par leurs prénoms, mais peu importe. (il n'a pas eu le temps de leur demander: il a dû s'absenter aux chiottes pour gerber de tout son saoul....imaginez vous: 2 despé et un whisky coca, c'en était trop pour son organisme....).

Bon, toujours est-il que nous voilà le lundi matin, il se sent en confiance, le week end lui a prouvé que lui et sa voiture pouvaient séduire à tour de bras...C'est donc sifflotant et le coeur léger qu'il se dirige vers sa fidèle 206, histoire d'aller bosser et gagner la thune nécessaire à sa passion....

Petit tour d'inspection et premier émoi hebdomadaire: "merde!!!! un moucheron m'a rayé un écrou de jante!!! Ptain, troooop dur, merde!!!".

C'est donc un peu de moins bonne humeur qu'il s'engouffre dans sa voiture. A cette heure-ci, il est déjà préoccupé, son cerveau est déjà en ébullition. ("Faut que je trouve une solution anti-moucherons, faut que je trouve une solution anti moucherons, faut que je....Etc....").

Dieu merci, à la quatrième tentative la voiture démarre et se met à vrombir. ("ouf, au moins, niveau moteur, tout va bien...."). Le voilà déjà de meilleure humeur...Et qui ne le serait pas à l'écoute de la symphonie qui s'échappe du tube en acier qui lui sert de pot d'échappement?...

Bon, histoire de vraiment se mettre dans l'ambiance "bonne humeur", notre Jacky décide d'aller au travail en musique...Et il a l'embarras du choix, mélomane qu'il est, il a en sa possession toutes des compilations "Tuning". De la première à la numéro 25....

Le voilà qui surgit dans la rue, chevalier des temps modernes, tel Mitch et K2000...Tout le monde n'a d'yeux et d'oreilles que pour lui...(Hey; attention hein, 2 x 25 Watts de sono + le pot d'ech'....on l'entend avant de le voir...). Alors....première, seconde, troisième....PREMIERE! (OUi, un dodane, s'agirait pas d'esquinter le bas de caisse hein)...première, seconde, troisième....PREMIERE!! (on est devant une école....y'a un dodane tous les 20 mètres....mais n'attendez pas du Jacky qu'il sache lire les panneaux...ça c'est pour les non-pilotes...)

3500 changements de vitesse plus tard, le voilà qui arrive enfin à l'usine. Il gare sa voiture à l'écart, il s'agirait pas qu'un maladroit vienne lui érafler sa carrosserie ou gâcher la vue en se garant à côté avec sa caisse. En fait, il est surtout garé à l'écart parce qu'il n'a pas pu passer le portail de la boite. Ben oui, les salauds qui ont conçu cette saloperie n'ont pas pensé à ses élargisseurs d'ailes.(Jacky attend d'ailleurs toujours les suites de la plainte pour discrimination qu'il a déposé auprès du syndicat....).

Passe la journée à l'usine, et arrive le moment tant attendu par Jacky: L'heure d'aller zoner en ville. Gros coup de chance, il a un boulot génial. Rendez-vous compte: le travail finit 10 minutes avant la fin des cours du collège situé juste à côté. Jacky va pouvoir aller draguer!

Et il sait y faire Jacky, il les tombe toutes. Il a toute la panoplie pour. Lunettes de soleil (on s'en fout qu'il pleuve), coude à la portière (on s'en fout qu'il fasse -20°), et musique à faire chavirer les coeurs. (un remixe de Titanic, mixé par DJ Naz). Surtout, gros coup de chance: les dodanes devant le collège l'obligent à passer en première. Les jeunes filles de 15 ans ont donc tout loisir d'admirer sa monture couleur fuschia. (ben oui, le Jacky a inconsciemment exprimé sa virilité avec une couleur de tapette...)

Après 25 passages devant les grilles du collège, l'oeil de pilote de Jacky a repéré sa proie:Une blondasse avachie sur le trottoir et qui attend son bus en lisant Ok Podium. Elle est magnifique: On ne voit presque plus son acné caché par le fond de teint, et sa façon de mâcher son chewing-gum comme une vache normande est des plus sensuelle...

Le sang du jacky ne fait qu'un tour: Quel goujat serait-il s'il ne venait pas en aide à cette demoiselle?

D'où freinage d'urgence et phase d'approche:

"Hey! Hey! HEY!! OH! STEUPLééé!!"

"MOuais?"

"Ecoute euh...ça te dit euh...ça te dit que je te ramène chez toi? Euh..."

"Mouais, chais pas...mes parents m'ont dit de pas parler aux inconnus....Mais bon, en même temps, je les emmerde hein (no Future!!!), puis chuis une femme, merdeuh, j'suis grandeuh. Mais en fait euh. Nan."

"Ben allez quoi, j'm'appelle Jacky. J'suis plus un inconnu euh..."

"Ok alors...."

L'amour est né.

Passent les jours et les semaines, et entre Jacky et Jackette se développe une relation des plus solides, basée sur la complicité et le dialogue:

(morceaux choisis)

"Ben allez quoi...pfff, allez, ça fait déjà 4 jours qu'on sort ensemble là...pfff...allez quoi, une ptite pipe! ...mais nan, tu vas pas tomber enceinte..."

"Dis, ma chérie, ça fait trois semaines qu'on sort ensemble et tu sais, je t'aime et je veux des enfants et...une ptite pipe? nan?"

"Bon, écoute, ça fait un an et demi qu'on est ensemble, et je me disais que vu qu'on a rien de prévu ce soir, ben euh...une ptite pipe?"

Jacky est un homme patient. Et sa patience est finalement récompensée lorsqu'après 1 an et 9 mois, Jackette entreprend le lui arracher le prépuce avec son appareil dentaire....(ces deux là, c'est pour la vie....)

3 Ans passent. Nous retrouvons Jacky et Jackette qui habitent désormais ensemble. Il faut dire qu'ils n'ont pas eu le choix, en êtres responsables qu'ils sont, elle n'avait pas pris la pilule, et lui avait oublié ses capotes lors de leur première nuit d'amour charnel...Jacky junior est donc en route.

Néanmoins, ils sont maintenant des célébrités locales. La télé y est pour beaucoup. TF1 a en effet accepté de se pencher sur leur vie dans le cadre d'une émission.

Le titre? "Mon copain ne pense qu'à sa voiture". Un grand moment de vie télévisuelle où Jackette nous fait part de son désarroi:

"PFFFF, chais pas....il dépense tout l'argent du salaire dans sa voiture....chais pas quoi faire....mais bon hein, je l'aime hein...."

Le rêve, ce serait qu'un jour le caméraman pose son matos, et dise à Jackette:

"Mais espèce de truffe!! Mais bordel, faut aussi être conne pour s'intéresser à un crétin pareil!! Nan mais attends, c'est ça que tu veux pour ton mioche? Un neuneu de 27 ans qui compense la petitesse de son pénis par une jolie voiture? Ecoute ma jolie....euh, nan, écoute Jackette: Ton mec, il a les moyens d'une 206, il roule en 206! il n'en fera jamais un bolide de course merde! Et non, c'est pas un pilote, ptain, il a paumé son permis deux fois déjà! Mais sors toi la tête du cul!!!!!!"

M'enfin bon....on peut rêver, non?

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29 mars 2006

Le faux problème du CPE...

L’omniprésent CPE, ce contrat « Première Embauche » ou « Première Embûche »selon les points de vue, est aujourd’hui généralement réduit à deux appréciations foncièrement antagonistes, ce n’est un secret pour personne. (sauf peut être pour la classe dirigeante…)

                     

D’une part nous avons les « pro » CPE qui le considèrent comme une mesure providentielle censée faire diminuer l’inquiétant et récurant chômage des jeunes électeurs, ou du moins les statistiques du chômage. Des chiffres dont le calcul varie aussi souvent que les premiers ministres en exercice…. D’autre part campent les « anti » CPE  qui arguent qu’il s’agit bel et bien là d’un remise en cause éhontée et flagrante des sacro-saints acquis sociaux. Acquis qui par définition sont inaltérables et immuables. Malheur donc au téméraire inconscient qui oserait venir titiller les racines de ces valeurs sociales dont la remise en question, même théorique, fait ruer dans les brancards…

Voilà donc grosso modo à quoi se résume à ce jour le débat sur le CPE : une lutte manichéenne entre un pouvoir en place, et une part du peuple qui compte dans ses rangs un parti politique qui a élevé au rang d’institution un sens de la contestation systématique.

( Contestation qui d’ailleurs ne lui est pas spécifique car changeant de camp selon la coloration des gouvernements au pouvoir, le jeu à la mode en politique étant avant tout de déstabiliser le vilan méchant d’en face….)

Mais le CPE, c’est plus que cela. C’est un arbrisseau qui cache une forêt gigantesque autrement plus lugubre que le paysage social de 2006 et que personne ne semble distinguer ou du moins, le vouloir.

Le CPE est révélateur de deux évolutions de la société française et mondiale, une à court ou moyen terme, et une à long terme.

Il ne faut plus se mentir et entretenir le mythe suranné d’un gouvernement qui, se faisant fie de la conjoncture économique mondiale, pourrait proposer des solutions, voire des miracles contre la peste sociale que représente aujourd’hui le non emploi.

Le chômage existe depuis 30 bonnes années et si l’on fait preuve d’un minimum d’objectivité, en s’affranchissant de ses goûts politiques, ce parasite s’est toujours bien porté, que flotte une odeur de rose ou de caviar. Des odeurs qui n’ont jamais que superficiellement masqué la pestilence d’un purin qui se répand lentement mais sûrement sur un avenir qui inexorablement sera celui d’une implosion de la 5ème République, et à plus long terme d’un système planétaire.

Le gouvernement essaye encore de faire illusion, de laisser entendre qu’il y a des remèdes à la décrépitude qui ronge notre pays, (voire l’ensemble des pays du nord), et à ce titre propose et maintient ce volatile CPE. Si Villepin reste en fait si droit dans ses bottes, s’il semble tant ne pas vouloir transiger sur le CPE, c’est probablement parce qu’il ne saurait pas quoi proposer d’autre pour superficiellement contenter la grogne sociale. Le CPE est en fait un aveu d’impuissance. L’impuissance d’un régime politique à apporter des vraies réponses et solutions aux inquiétudes populaires, et ce qu’il soit connoté de droite ou de gauche.

Car ne soyons pas hypocrites, et remettons l’église au centre du village. La gauche, bien avant Villepin a aussi proposé des mesures pour enrayer ce qu’il est convenu d’appeler les prémices d’une crise. Le seul résultat est qu’aujourd’hui l’UMP, pétri d’une mauvaise foi toute politique, peut crânement s’enorgueillir de vouloir récupérer la débâcle que leurs prédécesseurs leur ont légué. Débâcle que eux mêmes avaient hérité de Giscard….Tout le monde se renvoie la balle parce que personne ne sait quoi faire entre deux échéances électorales, si ce n’est attendre en serrant les fesses que les urnes veuillent bien leur renouveler d’indus privilèges pour 5 nouvelles années.

Nous aurons beau nous retourner vers l’île de Ré en espérant qu’un vent nouveau nous vienne de là bas, nous ne serions que de doux rêveurs. Le socialisme, toujours en avance sur son temps est à ce titre déjà moribond, et il y a fort à parier que d’ici à 2007 aucun leader charismatique ne puisse émerger de la masse de rejetons dégénérés que nous a laissé Mitterand. Et quand bien même cela serait le cas, ce leader aurait peine à son tour à masquer une flagrante absence de véritable programme de remise en forme de

la France.

Porte-parole du PS, Julien Dray lui-même n’arrive pas à masquer un désastreux vide idéologique : alors que l’on rétorque à lui et à ses congénères qu’ils ne font pas de contre propositions au CPE, il n’hésite pas à répondre que ce n’est pas au parti socialiste de faire des propositions ou donner des conseils au premier ministre. Non, selon Julien Dray, c’est à Mr Villepin et ses acolytes de se ; passez moi l’expression ; démerder tout seul comme des grands.

On croit rêver, mais c’est bien là la réalité d’un parti de gauche qui semble presque mettre un point d’honneur à ne surtout, mais alors surtout pas, être élu en 2007. Et pour cause, ils n’auraient pas de solutions plus remarquables qu’une « mesurette villepin » à proposer au peuple de France.

A court ou moyen terme il faut en fait prévoir un désintérêt grandissant de l’électorat pour les partis dits « républicains », désintérêt qui s’exprime de plus en plus lors des scrutins. L’histoire nous apprend qu’en dernier recours, lorsque aucune méthode « classique » n’a fonctionné, le peuple déçu se tourne vers les extrêmes, et il n’y a pas si longtemps que cela nous en avons eu une première démonstration.

Peut être que les deux ou trois prochains quinquennats se joueront encore entre l’UMP et Le PS, mais il y a fort à parier que l’on se réveillera un jour avec un parti d’extrême droite au pouvoir. Et ce n’est malheureusement pas en restant sourd aux revendications de 3millions de manifestants qui s’opposent à une loi, qu’un gouvernement redorera son blason et celui de la démocratie…Pour le plus grand bonheur des extrémistes, qui eux ne manqueront malheureusement pas de démagogiquement tendre une oreille faussement attentive à la grogne d’une nation…

A plus long terme nous pouvons envisager un tableau plus catastrophique encore.

Lorsque le peuple sera d’une part bouillonnant de ne pas voir d’amélioration probante de la situation et qu’en plus d’autre part un parti extrémiste lui imposera un silence tyrannique, alors la boucle sera bouclée. La 5ème République implosera d’une façon autrement plus violente que lors de manifestations étudiante squi elles seront reléguées au range de joyeuse technoparade…

Si l’on me rétorque que quelqu’un trouvera une solution à la crise (une vraie, pas un CPE, pas un pansement sur une jambe de bois) avant que la situation ne dégénère, je dirai « Oui, peut-être…pour un certain temps. ».

L’homme moderne a aujourd’hui plusieurs milliers d’années.

Notre histoire a toujours été cycliquement marquée par des périodes fastes qui un jour ou l’autre ont connu un déclin. C’est inévitable. Le caractère arrogant des hommes nous pousse à croire que nous pouvons maîtriser le caractère inéluctable du déroulement de la vie, un déroulement que l’on pourrait résumer par deux mots : Grandeur et Décadence. Mais ce n’est que de l’arrogance…Nous sommes dépendants du cycle de la vie, et non pas l’inverse.

La société mondiale que nous connaissons est sur une pente descendante, surtout pour les pays du Nord, ceux là même qui demain serons le Tiers Monde de

la Chine

ou de l’Inde.

Le capitalisme, mais aussi toute la politique, l’économie modernes, tout cela est basé sur un point central : Le pétrole, une ressource que nous savons tous de plus en plus rare.

Dans 20 ou 30 ans nous n’aurons pas su translater notre système économique vers autre chose que l’or noir et à ce moment là nous rêverons d’un chômage à 9,6%... Il y a quelques années les économistes envisageaient le baril de pétrole à 50 dollars comme une catastrophe sans précédent et qu’à ce titre il fallait commencer à envisager d’autres ressources massives pour passer le cap… Nous voilà à plus de 60 dollars le baril, et pourtant nous n’avons pas de réelle volonté de changer la donne.

En fait, tout le monde essaye encore de colmater une digue de

300 km

de long avec ses mains. Si aujourd’hui le déclin du monde moderne tel que nous le connaissons n’est encore qu’un filet d’eau que l’on résorbe hypocritement avec quelques sacs de sable, des CPE et autres CNE à l’échelle nationale, il n’en reste pas moins que nous finirons pas nous prendre la digue sur le coin de la gueule et ce à l’échelle mondiale.

A toute chose malheur est bon…Et pour les éternels optimistes qui ne seront peut-être même plus là pour le vivre, disons nous bien qu’après un tel chaos renaîtra invariablement une société nouvelle et forte. Il est beaucoup plus facile de progresser en partant de rien que de se maintenir au sommet d’une vague qui par définition est amenée à s’écraser….

Aussi, considérant tout cela il faut savoir reconnaître que le problème d’aujourd’hui n’est pas à proprement parler le CPE, sauf si l’on ne raisonne qu’à court terme.

Le problème qu’essaye de cacher maladroitement le CPE et d’une façon plus générale les gouvernements qui se succèdent au pouvoir, dépasse de loin le cadre de l’emploi ou même de l’hexagone et est autrement plus angoissant....

Si pour demain le CPE est inquiétant, il n’en reste pas moins qu’il faudrait plutôt se pencher sur après demain ou les temps risquent d’être autrement plus difficiles.

10 mars 2006

Religicon

Woody Allen, fort de son humour mi-figue mi-raisin a dit un jour : « Si Dieu existe, j’espère qu’il a une bonne excuse… ».

J’avoue, la référence n’est pas des plus intellectuelles ou littéraires, mais je ne peux que sourire en y pensant.

Oui, s’il y a quelqu’un là-haut, on peut se demander comment il nous expliquerait un jour le foutoir qu’il nous a laissé là en bas….

« Ah, désolé les gars, moi je vous avais bien dit de pas la bouffer cette pomme….Après, vous m’avez pas écouté, donc faut assumer hein… Ben oui, je vous ai balancé dans un sacré merdier, vous auriez été beaucoup plus à l’aise dans le jardin d’Eden, c’est sûr, mais fallait pas déconner… »

Pfff, Dieu, ou Allah, c’est comme tu le sens, si tu existes, il faudra te fendre d’une meilleure explication.

Je n’aime pas les légumes. Ni les chips. J’ose espérer que ni Vico, ni le lapin Cassegrain ne s’offusqueront de me voir m’exprimer de la sorte alors que foule de gens adorent se trimballer avec les doigts gras et poisseux, ou avec du persil entre les incisives.

J’ose espérer aussi que tous les végétariens du monde ne vont pas, dans un élan protestataire, manifester contre le bouffeur de viande que je suis, ou pire, me menacer de mort.

Je reconnais que je n’ai pas trop de crainte quant à une éventuelle dérive de ce genre.

Dieu, si tu existes, je n’aime pas ce foutoir que tu nous as laissé là en bas. Non. Je n’aime pas ces cultes que certains d’entre nous te vouent aveuglément et , pardonne moi Papa,  bêtement.

Alors franchement, je ne sais pas trop à quoi ça tient hein. Un de tes rejetons nous a un jour appris à ne pas jeter la pierre, mais ne m’en veux pas, vu la toute puissance et l’omniscience que l’on t’attribue, je peux légitimement penser qu’à la base, tout est de ta faute.

Bien oui, tu aurais bien dû savoir que nous, les hommes, nous sommes fondamentalement crétins. Je dirais même que nous sommes des gros cons. Et donc, tu aurais bien dû savoir qu’inévitablement nous passerions notre temps à nous taper sur le coin de la gueule à ton sujet. Ironie de la chose, certains d’entre nous n’arrivent même pas à se mettre d’accord sur ton petit nom. Y’en a qui tueraient au nom de Dieu, d’autres tueraient au nom d’Allah, alors que fondamentalement tout cela n’est qu’une question de pseudonyme, tu en conviendras….

Ca me fait un peu penser aux débats stériles des gamins de 8 ans qui n’arrivent pas à tomber d’accord sur « Qui est le plus fort ? Superman ou Batman ? » . Et encore, en ce qui te concerne, le débat est encore plus stérile puisqu’il se résume à « Qui est le plus fort ? Dieu ou….Dieu ? ». Mais bon, passons là-dessus…

Revenons en à tes moutons.

Ton fan club est gigantesque. Et là, je dis respect. Non, vraiment, ça fait plus de 2000 ans que l’on t’adule dans le monde entier et n’en déplaise  à John Lennon, tu es  quand même sacrément plus célèbre que les Beatles, ça je veux bien te le laisser. (Un de tes mouflets nous a aussi appris à « rendre à César ce qui lui appartient », je m’exécute donc…).

Mais alors c’est une chose d’avoir un ou des fans club, mais faut quand même gérer ça d’un peu plus près quand on a la responsabilité de milliards de personnes. Je sais bien, tu as pas mal de boulot sur la planche à accorder le pardon à droite et à gauche, c’est un fait, mais il n’empêche que de temps en temps, il faudrait quand même que tu apaises ton public. Il y a 2000 ans, tu nous as envoyé Jésus. L’idée était très bonne pour faire plaisir à tes fans, ça c’est vrai, et pour le coup, tu as assuré. Il n’empêche que depuis 2000 ans, tout part en couille. J’en arrive à croire que tout n’est q’une question d’échelle temporelle. Je veux dire que si ça se trouve, pour toi et ton éternité, 2000 ans c’est à peine deux heures. Mais pour nous, 2000 ans, c’est fichtrement long. Et en 2000 ans, tu peux me croire, on a le temps d’en faire des conneries. Et tu dois bien le savoir, on ne fait que ça. Car parmi toutes les imperfections dont tu nous as affublé, et que nous avons cultivées avec le temps, il en est une dont nous faisons régulièrement la triste démonstration, c’est la propension à nous taper dessus, et à ne rien comprendre, surtout pas nos semblables. Alors comment pourrions nous comprendre le message que tu aurais voulu faire passer si d’aventure tu avais existé ?

Alors que ta supposée présence commençait à se faire connaître de la bouche de tes prophètes, les temps étaient bien différents de ceux que nous traversons aujourd’hui…Et pourtant…De l’ancestrale intolérance obscurantiste, de l’incapacité à nous raisonner autrement qu’au pied de la lettre de tes écrits, nous avons su conserver toute la vigueur.

Il est loin le temps où la science et où la connaissance ne nous permettaient pas de percevoir et de comprendre le monde environnant autrement qu’en en cherchant les réponses dans l’au-delà, dans l’irrationnel, dans la bouche de tes messagers.

C’était bien commode de se dire qu’un beau jour une puissance narcissique et mégalomaniaque avait décidé de créer le monde et tout ce qui le peuple. (Nous y compris).

Surtout, c’était bien pratique pour la faiblesse des hommes et leur peur de la mort de pouvoir se dire qu’après leur courte et triste vie terrestre, une existence paradisiaque allait éternellement leur tendre les bras, du moins s’ils montraient patte blanche. Oui, à toutes les questions que l’Homme se posait, tu apportais toutes les réponses, et franchement c’était drôlement pratique : adieu questions existentielles, entre tes mains nos destinées de mortels. Et que serait l’humanité sans but, sans raison d’être si tu n’étais pas là ? Une coquille vide sûrement…

Je te le concède, malgré l’indignité paternelle dont tu sembles nous faire régulièrement la démonstration, ton message de base était des plus louable…Aimez vous les uns les autres, tendez l’autre joue et tout le toutim…Là, j’adhère. Et crois moi sans le voir, je n’ai pas besoin d’être une grenouille de bénitier ou d’aller me prosterner devant les idoles que mes congénères adorent en croyant y distinguer ta sainte présence, pour me rallier à une telle philosophie. Ce n’est pas parce que mon âme ne t’appartient pas qu’elle être forcément la propriété de ton concurrent. (qui, entre nous soit dit, ne doit pas être si terrible que ça s’il existe. Lucifer, ton gardien de la lumière était bien l’un de tes favoris si je ne m’abuse…le fait que tu lui voues une telle rancune pour avoir oser se rebeller m’interloque. Ne devons nous pas pardonner ? Mais là n’est pas la question….)

Le fait est que je regarde ce monde que tu nous laisses, livré à nos travers. Et voilà, je ne peux que me dire « Oui, s’il existe,j’espère qu’il a une bonne excuse… ».

Nous autres, humbles Hommes, nous avons une excuse :nous sommes des hommes, avec un peu de bon, et un peu de mauvais. Tu ne nous as pas fait comme des êtres parfaits, c’est une vérité des plus évidente.

Mais pourquoi avoir essayé de nous apprendre quelque chose, si du haut de ton omniscience tu savais déjà que nous n’en comprendrions pas la moitié, ou même le quart, si ce n’est le millième ?

Tes enseignements, il y a deux mille ans étaient bien utiles pour poser les bases d’une vie en société. Et on peut se pardonner à nous-mêmes d’avoir voulu, plein de confiance en nous et en toi, convertir tous nos contemporains à ton dogme. Oui, peut être l’homme n’a-t-il pas toujours été des plus éclairé par le passé. Mais aujourd’hui ? Il faudrait peut-être assurer le service après vente…

On ne peut tolérer qu’en 2006, des hommes tuent encore leurs frères en ton nom. De même, on ne peut tolérer que des hommes se tuent en ton nom. Je ne peux que me dire que tout cela ne résulte que de notre bêtise, celle là même dont tu savais pertinemment que nous serions affublés .

Si demain je me faisais exploser au nom du père Noel, ça ferait bien rire tout le monde et je serais immanquablement taxer de la folie des hommes. Ca ne ferait pas très sérieux, personne ne me contredira.

Mais où est le sérieux dans ces hommes qui manifestent, qui s’offusquent, qui s’indignent , qui se battent dès que l’on vient ébranler le piédestal du mythe, de la légende, du conte pour enfant attardé que tu es ?

Je n’accorderais pas le moindre crédit à ces croyants, à tes serviteurs si l’on pouvait les considérer comme l’on considère un enfant de 5 ans qui nous parle du Père Noel. Malheureusement, ce n’est pas le cas : alors que l’on peut se moquer unanimement du Vieillard à la Barbe blanche, toi, tu es sacré. De toi, on ne peut parler avec désinvolture. Non, Dieu est un sujet autrement plus sérieux. Pour toi, on tue.

Je me demande bien pourquoi. Après tout, de toi je n’ai jamais eu de cadeau, et pour autant que je sache, ça doit bien faire 2000 ans que tu nous laisses macérer dans notre merde après nous avoir vendu ton idéologie sans les outils pour la comprendre.

Alors voilà. Je t’en veux de nous avoir fait tels que nous sommes : bêtes et méchants. Je t’en veux de nous avoir donné de quoi nous taper sur la gueule au lieu de nous donner la capacité innée et acquise de nous aimer les uns les autres.

Et parfois,quand je suis plein d’amertume face à tout cela, je me dis que ça doit bien t’éclater… Je t’imagine volontiers dans le petit costume du gamin de 8 ans qui découvre le sadisme, penché sur la fourmilière que nous sommes. Ou alors dans la peau d’un milliardaire désabusé qui, se faisant chier dans son éternité, se serait créé un zoo grandeur nature….

Parfois aussi ,je me dis que le slogan « Dieu est amour » est une foutue publicité mensongère. Si tu existais et si vraiment tu nous avais créé de façon désintéressée et aimante, le jour où on a croqué la pomme tu nous aurais engueulé un bon coup, et après avoir boudé un peu, tu nous aurais dit : « Bon, allez, ça va pour cette fois, on efface tout et on recommence… ».

Ca, ça aurait été divin…

9 mars 2006

L'imposture étudiante...

J’aurais voulu être un artiste….Non ; pas un chanteur, ni même un acteur, mais un artiste social, une de ces stars de la réussite professionnelle.

Tout comme vous.

Vous savez bien…

Vous qui avez aussi caressé en songe l’éclat de la magistrature ou encore du journalisme, voire même de la médecine pour les plus ambitieux, vous aussi vous avez fantasmé à l’idée d’un jour briller au firmament de la société.

Pression ancestro-familiale ou bien politico-sociale, qu’est-ce qui a bien pu ; au-delà du rêve enfantin ; nous pousser à vouloir graviter parmi cette prétendue élite à laquelle nous avons cru que l’admiration et le respect de nos semblables étaient dus ?

Une pression, oui, indéniablement.

Une oppression même.

Celle qui sous entend ouvertement que sans pedigree scolaire, sans diplômes à ne plus savoir où les afficher crânement, nous ne pouvons que rester à l’état de spectateur ébahi. Cette oppression qui instille sournoisement en nous la cupidité, l’appât du gain et d’une aisance financière qu’une sueur estudiantine devrait nous promettre sans faillir.

On nous a inculqué cette religion, ce culte matérialiste du palmarès académique comme étant la clef unique et infalsifiable des portes de ce club select qu’est devenu le monde du travail. Des portes mieux gardées que celles du paradis, et qui avec le bon mot de passe nous seraient prétendument grandes ouvertes, ou en tout moins fermées que pour les « autres ».

Surtout, et c’est le plus tragique, on nous a programmé, conditionné, pour croire à l’infaillibilité de la méthode, et que si l’on jouait le jeu on décrocherait le gros lot, et le pouvoir d’achat qui va avec…

Nos parents, nos modèles, victimes bien avant nous, ont depuis longtemps été corrompus par cet état d’esprit simpliste érigé au rang de vérité immuable. Bien malgré eux, ils s’en sont faits les relais pour le transmettre aux éponges sensitives que sont les « jeunes générations. »

Perdus, car imprégnés au plus profond de nos inconscients, nous avons depuis des années le même raisonnement étriqué qui nous dicte :

« Diplôme = travail = argent = existence. »

Pire encore :

« Beaucoup diplômes = bon travail = beaucoup argent = existence dorée ».

S’ il est vrai que si la forme laisse à désirer, le fond n’en reste pas moins vrai, car c’est bien là la finalité première de la scolarité et d’un travail : gagner de l’argent, pour vivre.

Mais pour notre malheur, nous avons été choyés, pourris, gâtés au sens dégradant de ces termes. Pour ne pas perdre notre confort et ne pas décevoir nos ambitions de starification sociale, nous avons tous eu comme espoir annoncé l’envie d’atteindre des sommets proportionnellement aussi élevés que notre compte bancaire.

Quelque part, nous avons retrouvé l’instinct animal, nous avons régressé au stade d’ânes ne rêvant plus que de manger la carotte. Et quelque part aussi, on nous laisse encore croire que oui, on finira bien par la bouffer cette satanée carotte !

Perversement, criminellement, on nous laisse encore entendre que sous une apparente difficulté l’ascension sociale et professionnelle est relativement facile : « Etudies et le diplôme t’aidera ».

Aujourd’hui les étudiants s’indignent. Pas les apprentis, pas ceux qui ont déjà compris que peut-être tout n’était pas si élémentaire.

Non ; ceux qui s’offusquent, ceux qui ruent comme des bêtes apeurées sont ceux là mêmes à qui l’on a fait miroiter la simplicité d’une vie fastueuse et moelleuse et qui ne sauraient tolérer ou concevoir que la société ne tienne pas cette promesse d’eldorado, d’Eden social.

C’est dur la réalité, aussi dur que la pierre de cette montagne que sont devenues nos illusions. Et l’on ne veut, ou ne peut pas comprendre qu’un diplôme de papier ne vienne plus à bout de la roche.

On nous a élevé et cultivé dans la légende, dans un mythe, celui de la facilité, du « Tout, tout de suite ». Nul n’est à blâmer plus que l’un ou l’autre puisque tous, nous sommes entrés dans la ronde, dans ce cercle vicieux et par définition sans fin.

Nous ne serons pas tous des artistes. Nous ne serons pas tous avocats, journalistes, archéologues ou encore astronautes. Pourtant, ne sachant quelles autres utopies susurrer à l’oreille des infortunés, certains continuent invariablement à répandre de faux espoirs, à en semer à tous vents sans se préoccuper d’arracher la mauvaise herbe qui pousse au soleil de l’objectivité désespérée.

L’homme qui travaille de ses mains comme le faisaient ses ancêtres lorsque ceux-ci considéraient encore la difficulté et la rudesse comme des facteurs indispensables à une quelconque reconnaissance, cet homme là ne fait pas rêver. Car malheureusement, l'homme qui fait toujours usage de ses glandes sudoripares dans le cadre de l'obtention de sa pitance, n'est pas payé au litre de sueur.

On a oublié que certaines choses devaient se mériter. Dans le même temps, on s'est voilé la face en se répétant naïvement qu'après des années à user les bancs de l'école, inévitablement tout nous serait dû.

Peut être que cela a été vrai. Mais ça ne l'est plus, malgré toutes les couleuvres que l'on essaye de faire avaler aux mécontents et aux craintifs. Oui, il y eut une époque où le cursus pouvait nous assurer une place au soleil, une place enviable, et tout le monde s'est engouffré dans des voies supposées nous assurer un emploi. Ce temps est néanmoins révolu.

Le drame sous-jacent de notre siècle est que l'on ne nous apprend plus le véritable doute, la remise en question. On a voulu nous protéger de tout, jusqu'à tenter de rayer de notre sensibilité la perspective de l'amertume de l'échec. Et les ânes hypnotisés par des mirages que nous sommes aujourd'hui, ne sont tragiquement pas prêts à échouer. On nous a mis sur des rails bien droits, en nous assurant qu'ils menaient quelque part, et l'on se retrouve désormais surpris et outré de constater que d'une certaine façon le terminus n'est autre que la case départ. Et certains ne se sentent même pas préparés à essayer de redémarrer et à retrouver en eux la satisfaction du mérite, ou même la satisfaction d'avoir su lutter pour mériter.

Les manifestations anti CPE qui comptent dans leurs rangs une masse considérable de jeunes étudiants sont une illustration flagrante de leur incapacité à considérer la vie,  et surtout la vie professionnelle comme étant parfois autre chose qu'une simplissime suite logique et inébranlable. Cruelle désillusion que celle de ces jeunes dont on a bourré le crâne d'inepties et qui, face à ce qu'ils considèrent maintenant comme une nouvelle embûche sur le chemin qu’ils pensaient voir tracé sous leurs pieds, paniquent. Ils prennent en fait pied dans la réalité…

Inconsciemment, ce qui motive ces lycéens et ces étudiants à manifester n'est pas réellement la crainte d'être les victimes d'une certaine précarité mais avant tout la vexation de voir qu'on porte outrageusement atteinte à l'idée qu'ils se faisaient de leur avenir: un futur rose et idéal où auraient régné l'harmonie et la facilité. Un avenir qu'ils pensaient se voir octroyés dès qu'ils auraient brandi leurs diplômes. On ne peut pas leur en vouloir en fait : ils ne se font que l’écho de ce que l'on répète aux nouvelles générations depuis un certain temps déjà. Cela fait un certain temps en effet que l'on nourri les jeunes de mensonges éhontés, pour essayer de les prémunir le plus longtemps possible de la réalité, celle qu'ils pensent découvrir aujourd'hui avec le CPE. Réalité qui, ne leur en déplaise, n’est pas si différente avec un CDD ou même parfois un CDI.

Que l'on ait ou non une période d'essai de  2 ans n'empêche pas de devoir faire professionnellement ses preuves au quotidien. C'est aussi cela qui semble échapper aux manifestants qui donnent cette étrange impression de croire qu'une fois embauchés, ils seraient à l'abri des accidents de la vie et de la précarité et que donc,  après des années à trimer à la fac, ils baigneraient à nouveau dans la facilité. Il leur est aussi impensable et inconcevable que pendant deux longues années on puisse leur retirer à tout moment ce qu’ils pensent avoir logiquement mérité. Une telle pression a en effet pour corollaire direct de raviver violemment dans leur esprit la menace éludée mais bien réelle du chômage. Menace omniprésente qui pourtant ne semble pas réellement avoir de place dans leur plan de carrière idéal, du moins jusqu’à ce que le CPE ne vienne semer le trouble et le doute dans des esprits pourris de facilité.

L’objectif central de ces adolescents mal dégrossis et peu au fait de la réalité: avoir une vie facile. Un objectif inconscient qui maintenant qu'on l'égratigne encore un peu plus les pousse à se révolter. Cela devient vraiment trop injuste pour eux. Avant tout pour eux….

Le propos n'est pas de dire que le CPE est une bonne initiative, loin de là. Il ne fait aucun doute qu'il s'agit là d'une menace réelle,  une véritable remise en cause des acquis sociaux qui légitime tout à fait l'action des syndicats et des travailleurs. Cette tranche de la population baigne déjà depuis assez longtemps dans la triste réalité pour que leur cri d'alarme ait une légitimité que l'on ne saurait contester. Demain, ce sont tous les contrats de travail qui pourraient fonctionner sur ce même modèle et ce pour toutes les tranches d’age. Etre licencié à 40 ans sans préavis et sans motif a des conséquences autrement plus graves pour une cellule familiale entière que pour un jeune dynamique de 24 ans. (Jeune qui souvent habite toujours chez Papa-Maman ou qui au minimum fait ses courses dans leur frigo….).

Oui, la menace qu’est le CPE pour le monde du travail doit être combattue.

Néanmoins, il faut avoir l'honnêteté de dire que le combat de jeunes enfants rois qui n'ont jamais mis le bout du nez dans une entreprise autrement que pour y faire un stage n'a pas de réel fondement, ou en tout cas pas de connotation de solidarité avec les combats syndicaux.

Les jeunes étudiants qui n'ont jamais porté leur regard sur autre chose que leurs livres de classe n'ont que faire du code du travail. Leur colère, leur message n'est pour la plupart que le reflet de leur peur et de leur indignation quant à ce qu'ils voient comme une atteinte à leur droit à continuer à rêver en toute impunité tout en gravitant dans un confort dont même des retraités ne jouissent pas.

De fait, si la motivation première des futurs travailleurs était avant tout d'avoir un emploi,  et non pas un bon salaire, ils ne s'engouffreraient pas tous aveuglément dans des voies qu'ils n'auraient aucune difficulté à voir bouchées.

Il y a nombre de filières qui assurent un emploi à leur sortie mais qui, il faut bien le reconnaître, ne correspondent pas à l'idéal que l'on se fait d'une vie professionnelle idyllique, avec une belle maison et une belle voiture.

Le problème évident avec ces métiers où l'on se salie encore est qu'en effet,  et personne ne saurait le contester, la paye n'ouvre pas franchement la porte des rêves,  et ce malgré une pénibilité dont on mériterait d'avantage. Au delà de ça,  et c'est le plus important, il faudrait revaloriser l'image de ces professions tout en arrêtant de faire croire que la vie sera forcément plus facile avec 3 diplômes affichés  au dessus de la télé...  Car aujourd’hui il est vrai que ces métiers sont encore considérés comme étant ingrats.

Mais tout le monde ne sera pas « artiste » et les laissés pour compte se verront de toute façon contraints un jour de revoir leurs ambitions à la baisse. Le plus tôt sera le mieux.

Ceci étant,  qu'on arrête le mélodrame étudiant! Qu'on arrête de nous montrer des jeunes ignorants se plaindre de ne pas avoir la vie rose bonbon dont ils revendiquent à grands cris la propriété. Que l'on arrête de nous montrer des ersatz de Karl Marx nous déblatérer des discours dont la superficialité affligeante peine à masquer un sens du caprice encore tout enfantin.

Surtout, il devient urgent d’arrêter de vouer un culte quasi religieux à la facilité qui anesthésie inexorablement notre capacité naturelle à faire face aux épreuves. CPE ou pas, la vie ne nous doit, et ne nous concède aucune faveur. Et s’il est certain que nombre de luttes sont nécessaires pour s’assurer un avenir moins rude, il n’en reste pas moins vrai qu’il faut aussi cesser de croire à des miracles dont le capitalisme ne saurait revendiquer la paternité.

6 mars 2006

Le paradoxe Féminin

Après moult observations, que ce soit personnelles ou relationnelles, un  paradoxe saisissant m'est apparu.Ce n'est un secret pour personne, la femme est un vrai mystère, une énigme, un problème à développer une calvitie précoce de toute beauté. Oh, bien entendu, l'homme ne reste pas moins bizarroïde pour ces dames, mais malgré cela j'ose affirmer haut et fort : «  On est des hommes, on est primaires, donc, on n'est pas si compliqué que ça... »

(Allez savoir si je suis bien objectif, mais entre nous, je m'en fous...)

Pourquoi est-ce que je viens remettre sur le tapis cette éternelle question de la différence « Hommes-femmes » ? Parce que, comme tout un chacun, je traverse actuellement la période où au sortir de l'adulescence on se voit confronté de plein fouet à la dure et triste réalité des choses. Adieu innocence et mièvrerie, bonjour prise de tête....

J'observe. Que ce soit ma vie pas trop dégueu, ou celle des mes ami(e)s , j'aime bien regarder tout ça de loin pour en tirer une question format « vis sans fin »...

Et la question du moment est « Mais sacré non d'une clef à pipe de pompe à merde, mais que veulent les femmes ??!! ». (Ouais, je sais, ça ferait un bon titre de film....)

Développement du pourquoi du comment de la question :

La vie m'a donné la chance de côtoyer un certain nombre de demoiselles de façon assez  « sérieuse ». (Pour ceux, et surtout « CEUX » qui se demandent ce que signifie « sérieux », je traduis : Pour autre chose que pour jouer à la bête à deux dos le temps d'une nuit...).

Je me suis jamais vraiment posé la question du comportement à adopter avec mes moitiés (qui avec le temps sont devenues des tiers, puis des quarts, puis des huitièmes, etc...), et pour cause : J'ai toujours privilégié le naturel, le 100% bio, le bon produit du terroir sans additif ni conservateur...

Alors ouais, on va me rétorquer que tout dépend de la façon d'être « nature ». C'est clair que si certains conçoivent ça comme passer son temps à se gratter les parties en matant un match de foot tout en rôtant après chaque gorgée de bière, ça va pas le faire...

Non, bon, ok, j'ai mes défauts, comme tout un chacun. Je n'ai pas le réflexe de baisser la cuvette, il m'arrive de laisser des poils au fond de la baignoire, et je ne parle pas des tâches de dentifrice qui constellent le lavabo...Sinon, je suis têtu, borné, et je peux faire preuve d'un caractère de chiotte...

Mais bon, je crois savoir que mis à part ces travers génétiquement propres à la masculinité, je suis pas trop chiant à vivre. Du moins, si j'en crois la phrase qui tue. Késako ?

La phrase qui tue, c'est la phrase de rupture qui veut rien dire. Jugez plutôt :

« Ecoute, toi et moi, ça peut pas marcher, t'es trop gentil avec moi.... »

Variante paradoxale :

« Ecoute, toi et moi, ça peut pas marcher, on est trop complices »

Variante masochiste:

« Ecoute, toi et moi ça peut pas marcher. Je sais que je ne retrouverai jamais quelqu'un comme toi, je t'aime, mais bon....ça peut pas marcher. »

Variante sociale :

« Ecoute, toi et moi ça peut pas marcher, mais il faut qu'on reste amis, j'ai besoin de toi dans ma vie, mais bon...pas en couple. »

Variante « je retourne ma veste » :

« Ecoute, toi et moi ça peut pas marcher. Ok, je sais que c'est moi qui t'ai parlé de mariage, je sais qu'on devait emménager ensemble, mais bon, ça va trop vite.... »

Jusque là, je n'ai jamais entendu la variante catastrophique :

« Ecoute, toi et moi, ça peut pas marcher. J'en ai marre que tu me casses une dent à chaque engueulade (et non, ton alcoolisme n'excuse rien), j'en ai marre que tu dépenses tout l'argent avec tes potes au casino, et surtout, j'en ai marre que tu me trompes. Tu me maltraites, tu me traites comme une merde, je suis pas ta boniche. PS : Et quand tu liras ce mot, j'aurai quitté la France.... »

Franchement, parfois j'aimerais entendre ce genre de choses, au moins là, je comprendrais....

Bon, en tout cas, ma décision est prise, je vais changer radicalement de méthode. La prochaine donzelle que je prends dans mes filets, voilà ce à quoi elle aura droit :

1)      3 Cadeaux dans l'année : Un à Noël, un à la Saint Valentin, et un pour son anniversaire. Et encore, celui de la Saint Valentin, c'est pas sûr. Tant qu'à être une ordure, autant l'être jusqu'au bout et faire comme si j'avais oublié. Pire, je pourrais toujours me risquer à l'argument ultime : « De toute façon, c'est une fête commerciale... ». Fini les petites attentions rigolotes, fini les fleurs quand l'envie m'en prendra, fini les «Ca te plait ? Allez, j'te l'offre... »

2)      Dans le registre petites attentions, elle pourra toujours se brosser pour le petit dèj au lit, pour les petits mots doux que je planquais dans le sac à main, pour les petits sms ou mails sirupeux et dégoulinants....Bien entendu, le trip « Allez chérie, t'es fatiguée,  on se fait un resto » sera relégué au rang de légende....

3)      Désormais, mes potes, c'est ma vie...Je vais m'acheter une console, faire squatter tous mes amis 24/24 à la maison, et bien entendu j'irai passer mes week end en boites pour de folles soirées. Je rentrerai bourré comme une huître, avec du rouge à lèvres plein la tronche, et bien sûr, je vomirai sur le paillasson tout en niant l'évidence. (« Me fais pas chier connasse, je te dis que j'ai pas buuuu –hips »). Ma prochaine relation pourra aussi passer de superbes soirées à attendre que je rentre du boulot ou que je la prévienne de mon retard. Quand puant le parfum féminin je rentrerai à 2 heures du mat, il vaudra mieux qu'elle ne me fasse pas chier avec des inepties telles que « tu me trompes ??? ». Car bien sûr, je la tromperai.

4)      L'argent du ménage, ce sera mon argent, le mien rien qu'à moi. Je claquerai tout dans des conneries type « écran géant » (pour mieux jouer à la console)...Histoire de vraiment pas laisser une thune sur le compte commun, je vais même me rabaisser à la pratique du tuning. Elle aura beau se plaindre, j'en aurai rien à foutre...

5)      Le dialogue, la compréhension, l'écoute, ça sert à que dalle. Quand elle me parlera, je l'écouterai pas. Mieux, je lui dirai de dégager de devant la télé, parce que « Merde, j'ai loupé le But !! Ptain mais tu fais chier, m'emmerde pas avec tes conneries !!! ». Il va de soi que jamais elle n'entendra de ma bouche les mots suivants : « Bon, t'as pas l'air au top là...T'as passé une mauvaise journée ? Viens t'asseoir, et raconte... »

6)      Le partage des tâches,  j'oublie ce que c'est. Tout ce qui est vaisselle, ménage, courses, ce sera pour sa gueule...Je serai le Macho dans toute sa splendeur...Histoire qu'elle ait vraiment de quoi se plaindre, je laisserai traîner caleçons, chaussettes et autres guenilles un peu partout dans l'appart. Même dans la cuisine ! Dans la casserole !!!

7)      Lorsque nous serons tous les deux sous la couette et que je serai pris d'une envie de câlin, je me tournerai vers elle et lui dirai langoureusement : « Toi sucer moi. Moi homme, toi femme, toi devoir répondre à mes besoins ». Un stock de doliprane sera sur la table de chevet, de sorte qu'elle ne puisse prétexter une migraine. Bien entendu, les préliminaires, ce sera une fois dans l'année, à Noël. Le reste du temps ce sera du brutal, du vite fait mal fait,deux minutes montre en main, négociations comprises. L'essentiel, c'est qu'elle soit frustrée.

8)      Quand touchante et intimidée elle viendra me demander : « tu me trouves grosse ? », je ferai preuve de tendresse. Et je lui dirai : « Ouais t'es grosse !! Quand tu mets un string, on dirait une paupiette, ça me dégoûte ! Si tu te prends pas en main, je te quitte... » (De la diplomatie en somme...)

9)      Quand vraiment elle me saoulera parce que j'en fous pas une à la maison, je la taperai, et l'insulterai. Elle s'habituera bien vite aux « grosse vache » et autre « morue »...Et gare à elle si elle porte plainte !

Voilà les grandes lignes de ma future méthode pour garder une femme. Oh, voui, bien sûr, certains argueront que tout cela est bien extrême. Et ça l'est. C'est même outrancier, grossier et à la limite du choquant...C'est tout l'inverse de moi en fait...

Mais bon, j'ai bien observé les couples qui m'entourent, et chez nombre d'entre eux, je retrouve pas mal de ces façons de faire...et ça marche !!

Je ne comprends pas...est-ce dû à l'émancipation des femmes ou à un complexe oedipien,allez savoir, mais force est de constater qu'élever sa compagne au rang de huitième merveille du monde, ça la fait fuir...Partout on entend des filles géniales qui se plaignent d'être avec des gugus dignes de passer à TF1. Masochisme ou aveuglement, il n'en reste pas moins qu'elles restent avec.

Quel paradoxe ....

Bah...je me connais...je me ferai encore avoir...Et qui sait,  avec une chance insolente, je risque de tomber sur une Hasbeen qui fonctionne encore normalement, et qui n'est pas adepte du latex mental....

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10 février 2006

Vocation Politique

Je me présente, je pourrais m’appeler Henri, avoir envie de réussir ma vie et toutes ces conneries, mais il n’en est rien…Enfin, pour ce qu’il en est de réussir ma vie, si. Mes géniteurs semblent en tout cas nourrir cette ambition pour ma petite personne. Mais bon, non, je ne m’appelle pas Henri. D’ailleurs, qui se préoccupe de mon putain de prénom ? Si je vous disais que je m’appelle Gérard ou Pascal, voire encore Brian, est-ce que ça changerait quoique ce soit. Disons que je m’appelle James. C’est pas mal ça James, et mes parents auraient sûrement l’écume aux lèvres façon « L’exorciste » si demain je revendiquais ce prénom à connotation subversive. Mes vieux sont des cons de bourgeois convaincus que le nom ou le prénom définissent la valeur d’un Homme. Chez nous, le « De » est gage de vertu et de morale.

Croyez moi, moi qui surnage dans ce monde d’apparat et de convenances, le « De » est surtout la clef des rêves, ceux là même qui sont tissés de fils d’or et tapissés de billets verts, en tout cas pour ma famille. Il y a fort à parier que si demain je ramenais à la table familiale une demoiselle qui en plus d’un prénom composé genre « Marie-Chantal » pouvait s’enorgueillir d’un nom à particule, mes parents ne pourraient s’empêcher, alors que celle-ci se serait absentée pour aller au trône, pour me glisser un approbatif « C’est une fille bien ». Et peu importerait que moi je sache en mon fort intérieur que la dite « Marie-Chantal » se serait en fait poliment éclipsée pour aller crânement se repoudrer le nez avec un maquillage à 80 Euros le gramme, autrement plus cher que tous les cosmétiques de chez Coco…Chanel.

Non, tout ce qui compte pour l’honneur généalogique, c’est que le croisement soit noble, que l’on ne jette pas l’opprobre sur la meute des loups que nous sommes. En fait, oui, tout dans mon monde n’est qu’illusion. Une illusion qui consiste en quelque sorte à faire croire que chez nous tout n’est qu’excellence, jusqu’à faire croire dans l’inconscient collectif que notre merde pourrait sentir la rose.

J’ai droit à toutes les dérives de la luxure, je peux me vautrer dans la fange tant que je ne fais pas de vagues. Tant que celles-ci ne viennent pas lécher les pieds de la société « d’en bas ». Et quand bien même cela arriverait par mégarde, par égarement de ma part, Papa veille au grain. Papa est le garant du secret d’Etat familial. C’est lui qui en bon chef de meute charognard s’arrange toujours pour que je ne laisse pas de traces derrière moi. Père peut donc revendiquer un bon nombre d’avortements de jeunes donzelles qui croyaient voir en moi un saint, alors que dans le fond j’ai en moi cette perversion digne des plus grands milliardaires, ces êtres d’exceptions dont le fric a assouvi tous les fantasmes catholiques et avouables.

Il arrive bien de temps à autre que l’ombre du scandale commence à obscurcir le ciel du château hérité de nos ancêtres tyranniques, notamment lorsqu’une jouvencelle croit se racheter une virginité en refusant le bâillon monétaire. Dans ces cas « extrêmes », Papa rajoute simplement un Zéro sur le chèque. Au pire, deux. C’est fou comme le Zéro peut accomplir de grandes choses malgré son caractère dérisoire…. Ne sous-estimons pas la nullité.

Ma vie est un projet. Lorsque je suis né, j’étais déjà au pire avocat ou médecin, au mieux énarque. Avocat, médecin, c’était en cas d’échec, ou si Papa voyait ses relations mourir avant ma majorité. Enarque, c’était une logique, une évidence. Je me plais à croire en souriant que Papa aurait payé les fées avant qu’elles ne se penchent sur mon berceau pour s’assurer leur prévenance. Je ne crois pas que sa ferveur catholique superficielle aurait pu être entachée d’une telle corruption. « Peu importe les moyens, tant que le but est atteint » pourrait être une devise en parfaite harmonie avec les armoiries ancestrales : Un loup assis sur le cadavre d’un des siens.

Une telle cupidité reste toutefois tout à fait compatible avec l’entreprise de communication à laquelle nous sommes tenus de nous livrer tous les dimanche en allant montrer nos pieuses frimousses à l’église du quartier.Malgré nos mœurs de païens et notre dévotion au culte du dollar, il faut que nous donnions le change. D’après Papa, je serais bien content un jour lorsque les bigotes et autres grenouilles de bénitiers, persuadées que j’adhère au dogme chrétien, voteront pour moi. Cette hypocrisie calculée me fait bien rire. Dimanche dernier, j’ai mis une capote dans le petit panier que me tendait le sacristain. Ma contribution pour l’église…

Eh oui, que voulez vous, chez nous tout est calculé.Rien ne se fait par charité chrétienne, mais plutôt par arrivisme politique. La politique, la clef de voûte de la vie qu’ont rêvé mes parents pour moi.

J’ai eu beau expliqué que je ne me sentais pas de représenter le peuple ou de défendre un idéal social, ça a bien fait rire tout le monde autour de la table.

Mon père m’a bien vite fait comprendre que bien entendu, je ne pouvais pas représenter le peuple, étant moi-même bien au dessus du commun des mortels. Quant à l’idéal social, celui-ci ne nous concernait d’aucune sorte, tant que nous pouvions continuer à être riches. Car chez nous, c’est cela l’idéal social : Que nous soyons pétés de thunes grâce à la sueur de ce peuple dont je ne serais pas le représentant.

Désolé de briser les utopies de l’électorat de base, mais si vous avez cru jusqu’ici que des petits jeunes de bonne famille se coltinent l’ENA par vocation, ou par amour de leurs semblables, vous avez tout faux. Le diplôme de fin d’études de l’ENA, c’est le pouvoir. Et pour décrocher la timbale, atteindre les sommets, l’énarque que je suis a besoin de vous, et de votre crédulité. Papa m’a bien expliqué que je devrais apprendre à « surfer sur le désespoir » selon ses propres mots. Je m’en souviens parce que entendre « surfer » dans la bouche de mon paternel m’avait semblé incroyablement…..anachronique.

Mon père se délecte continuellement de la misère humaine, car il croit dur comme fer que c’est grâce à elle que je pourrais un jour remporter des élections, il ne me suffira que d’une débauche de démagogie, et d’une incommensurable quantité de promesses que je ne pourrai évidemment pas tenir. Il ne me suffira que d’un mélange de termes économiques savants, de quelques poignées de mains populistes, et de faire croire que j’entends les suppliques d’un peuple au bord de l’asphyxie. Voilà la recette du pouvoir que l’on se transmet de père en fils dans la famille : de l’hypocrisie saupoudrée de démagogie, avec quelques touches de mégalomanie.

Comment pourrait-t-il en être autrement ? Je ne sais même pas combien coûte une baguette de pain, ou quelle peut bien être l’ambiance prolétarienne qui règne dans le métro parisien à 7 heures du matin…Alors comment pourrais-je prétendre comprendre votre désarroi, si ce n’est en me livrant au périlleux exercice du rôle de composition ?

En y regardant bien, voilà ce qu’est ma « vocation » (ou conversion) politique : un jeu d’acteur. Je serai là pour vous faire rêver,jusqu’à ce que le réveil matinal ne vous ramène au cauchemar de la réalité, celle de vos vies de merde….

(NB: Tout cela n'est qu'une fiction satyrique...)

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